Vivre ensemble ou pas ?

Ces élites pour qui le vivre-ensemble n’est qu’un concept sans réalité, qui pratiquent l’entre-soi, qui vivent dans les mêmes quartiers et fréquentent les mêmes écoles puis les mêmes entreprises, ne connaissent pas ce vivre-ensemble qu’ils défendent soudainement.

La dernière personne de couleur qu’ils ont côtoyée doit être une femme de ménage croisée dans les couloirs d’un ministère se dépêchant de sortir avant leur arrivée.

Ainsi, ces élites ont créé un problème et une solution ; le problème serait le communautarisme opportunément renommé séparatisme et la solution le vivre-ensemble.

Il est d’ailleurs paradoxal de les entendre se dresser contre le communautarisme tout en créant et en entretenant des ghettos urbains où l’on rassemble les gens en fonction de leurs origines ethniques et de leurs origines sociales.

Kery James décrit parfaitement cette réalité dans son titre Lettre à la république :

« Comment pointer du doigt le repli communautaire,

Que vous avez initié depuis les bidonvilles de Nanterre,

Pyromane et pompier, votre mémoire est sélective,

On n’est pas venu en paix, votre histoire est agressive. »

Il est également paradoxal de condamner le communautarisme en maintenant une vision communautaire des individus écrit Hassina Mechaï dans un article intitulé « la réaction républicaine, le grand pas en arrière démocratique ».

Des individus en permanence dépersonnalisés, jamais caractérisés d’une manière différentielle, qui n’ont droit qu’à la noyade dans le collectif anonyme (ils sont ceci...ils sont tous les mêmes) écrit Albert Memmi.